4. Impasse de l’avenir

  
 J'habite impasse de l'avenir
 Sous le pont des Soupirs
 Car chaque jour insoupçonné
 Je me tue à la tâche  
 Pour faire éclore sans une tâche  
 Une palette renouvelée
 
 C'est vrai que tout le jour je m'échine, sur des machines en zinc
 à faire des magazines à la chaîne remplis de truc et de machin
 Cousu de rêves made in china
 du frisson vain, t'en veux, voilà
 Je fais de la fièvre effervescente et de la fureur incessante
 des émanations enivrantes, et de la jouissance insouciante
 Tout ce qu'il faut pour te faire tourner la tête, pour te faire taire ta gueule
 Pour combler ton horizon,  j'fais les trois-huit à mois tout seul  
 Je fais de la guimauve au kilomètre
 Du sucré jusqu'à l’écœurement
 Pour le bon plaisir de nos maitres
 Mais j'ai au cœur un serrement
 
 J'habite impasse de l'avenir  
 sous le pont des Soupirs
 Quand trop attaché, j'arrive à m'échapper
 Je fuis sur un bout de terre, sur mon petit lopin
 En puisant l'encre dans mes artères, je cultive dans mon jardin
 Les émotions qui manquent à mes contemporains
 
 Nouveaux émois, et moitié beaux
 Benêt, benoit, béat, pieds bots
 La graine qui germe il faut l'entendre
 tendre l'oreille l'entendre fendre
 faut l'écouter éclore en éclair  
 plus vivace et sauvage que mille et une rizière
 Une rivière de larmes coule sur un cœur de pierre
 Des mille maux de ce drame, je ferais mille mots extraordinaires  
 
 Je fais pousser à la paresse, je cultive de la nonchalance
 J'ai mis à macérer des rires pour ton prochain jour de chance
 J'écris ce que je crois de vous, je fais croitre des métaphores  
 Vois, le petit faible que tu as pour elle devient de plus en plus fort
 Tu en es ébahi, esbaudi, plein de fougue et de feu
 Ravi et joyeux, tu as d'la vie au coin des yeux
 Allez, vas, vis et vite, dévisse et deviens dingue
 Nul besoin d'être Miles Davis pour devenir baltringue  
 
 J'habite impasse de l'avenir
 Sous le pont des Soupirs
 Je plante des regrets, des drames et des sanglots
 C'est un peu paradoxal, mais il faut beaucoup d'eau
 Pour faire fleurir des flammes,  
 des larmes dont tu es le seul proprio
 Pas de passions de bas étage, mais de la rage à l'état pur
 De la hargne brute qui n'épargne aucun futur
 D’insensés incendies te traversent, te voilà devenu averse
 Plein de tendresse qui berce, même pour la partie adverse
 Je sème aux quatre vents, et quand vient l'aube je laboure
 pour enterrer par tous les temps un embryon d'amour
 
 Je repique du trèfle, je bêche pour ceux qui sont sur le carreau
 Plein d'indicible et d'ineffable, je fais des fables
 Pour tous ceux qu'on a dépossédés de leurs mots
 
 Je fais fleurir ce qu'on ne dit pas, mais pas pour faire des bouquets
 Plutôt des chardons que je m'empresse d'aller planquer
 Dans les jardins qui sont bien trop rangé aligné
 sans chiendent ni chien lit, sans allégresse aigre douce  
 où les plantes sont trop lisses, ou les fleurs sont trop douces
 Partout là où je passe, je te jure que l'herbe repousse  
 
 J'habite impasse de l'avenir sous le pont des Soupirs
 Et quand l'envie me prend, je pousse des cris de déments
 Contre les charmeurs de sabre, les avaleurs de serment
 Je suis la colère qui gronde des rêves d'ouvriers
 
 Je suis l’éleveur de sentiment sur la grève oublié
 
 

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